“Pourquoi je n’ose pas ?”, “il est trop fort, je me fais avoir à chaque fois”, “je ne peux rien lui dire, sinon ça part en vrille”, “je n’ose pas leur dire”, « j’ai peur de les blesser », “j’aurai du lui dire…”, autant de renoncements qui empêchent bien des personnes de se positionner face à des interlocuteurs perçus comme impressionnants ou sensibles.
Ces précautions, vis-à-vis de soi-même ou des autres, le sont sans doute à court terme. Le manque d’assurance, la peur de blesser, d’agacer, de faire réagir, autant de freins à l’expression vraie qui au final me frustrent de ne pas m’être positionné réellement vis-à-vis de l’autre. Cela crée la plupart du temps des malentendus dans nos relations personnelles comme professionnelles.
Cela ressort particulièrement dans des situations dans lesquelles nous ne savons pas sur le moment simplement lancer une blague, ou répondre à une attaque, à des questions impliquantes. Et pourtant, une fois l’embarras passé, nous savons souvent trouver les bonnes répliques, mais c’est trop tard.
Se positionner, c’est savoir développer son sens de la répartie et son aptitude à s’affirmer.
Le sens de la répartie : s’il existe quelques artistes du tac au tac spontané, apprenez que la plupart des bretteurs préparent leur pique, donc en vous entraînant l’art de la réplique vous sera accessible. En vous préparant plus sur le fond « ce que je veux dire », que sur la forme « comment je le dis », pas besoin d’être une « grande gueule » pour répliquer, il suffit que vous y soyez préparé.
L’affirmation de soi : s’affirmer, c’est se positionner clairement, ce qui est perçu souvent comme une agression à l’autre. Il existe plusieurs méthodes de communication qui permettent à chacun de savoir s’affirmer sans s’imposer. Cette juste mesure s’apprend, en adoptant des principes qui s’inspirent notamment des travaux de Carl Rogers sur l’écoute active, de la communication non-violente de Marshall Rosenberg, de la méthode ESPERE© de Jacques Salomé ou des techniques d’assertivité popularisée en France par Dominique Chauvin. Intégrez qu’il n’est pas nécessaire d’être un cador charismatique pour s’affirmer, il s’agit simplement d’être soi (ce qui n’est pas facile pour autant).
Exemple de répartie : À l’occasion d’un stage d’initiation au clown de spectacle, l’un des participants se montra particulièrement en décalage avec les consignes de l’animateur. Ce comportement se révéla d’autant plus désagréable que les exercices se faisaient en binômes, et que les partenaires du troublion se retrouvaient déstabilisés et diminués dans leur expression. Le deuxième jour, malgré une conversation en privé entre le participant et l’animateur, les mêmes scénarios se reproduisirent. L’animateur responsable du maintien des règles qu’il avait fixé lui-même se trouva démuni, craignant de saborder l’ambiance du groupe. Mais au soir les esprits commencèrent à s’échauffer, laissant entendre que le reste de la semaine allait se dégrader. Le soir, l’animateur se remémora les situations des 2 jours précédents se demandant ce qu’il aurait pu dire pour stopper l’opportun. Ainsi, il se souvint qu’à chaque remontrance le guignol lui répondait « je n’y peux rien, c’est mon clown qui est comme ça ». Au calme, l’animateur ragaillardi trouva la réplique simple à formuler. Il n’avait qu’à déclencher la réplique courante de l’autre et laisser tomber sa phrase de manière ferme et apparemment spontanée. Dès la première partie de la matinée, la partie se rejoua, et cette fois-ci, en leader le chef Clown répliqua « Là ce que tu fais, c’est du pitre pas du clown » (il faut être clown pour comprendre l’insulte que cela représente). L’un des participants dit aussitôt « oui, c’est ça, tu fais le pitre, pas le clown » et les autres participants d’acquiescer. Jeu, Set et Match, le « pitre », sortit du cours sans jamais plus revenir.